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Va. (Bas-Rhin)

PRIX

17 février 2024

L’élevage de bovins est une activité chronophage structurellement déficitaire. Je suis installée en bovins allaitants dans le nord du Bas-Rhin. Mes animaux sont dehors d’avril-mai jusqu’à octobre-novembre. Les conditions météo ne me permettent pas de les avoir dehors en hiver car les sols ne sont pas portants. Je dois donc les nourrir tous l’hiver et leur fournir de la paille pour la litière. L’été, j’ai un système de pâturage tournant : les vaches changent de pré tous les 4 jours environ. Il faut composer avec les riverains, les promeneurs, les usagers de la foret et les animaux sauvages et souvent démonter/remonter ou réparer des enclos. Tout ce travail est chronophage et pas du tout valorisé. Parfois j’imagine à quoi ressemblerait mon village si je n’étais pas là avec mes vaches (il n’y a plus d’autre éleveur dans mon village) : des maisons entourées d’immenses friches car personne pour valoriser toute cette herbe, avec un risque accru de feu de forets en été, des espèces invasives qui se multiplient comme le rumex ou le chardon et des voisins allergiques aux graminées quine pourraient plus sortir de chez eux… Vous ne vous rendez pas compte à quel point vous avez besoin de nous. Malgré les services rendus à la communauté, nous ne sommes pas payés. On pourrait alors imaginer un revenu venant de l’état ou d’une collectivité basé sur la surface pâturée par les vaches, les surfaces fauchées et les surfaces tantôt pâturées tantôt fauchées car la viande seule ne rapporte pas assez pour faire face aux charges qui pèsent sur nos fermes. 2023 a été une bonne année pour moi : beaucoup de veaux et des prix hauts, et malgré cela j’ai perdu près de 15 euros par jour sur l’atelier bovins… carrément démotivant quand on sait le travail et les contraintes que cela représente… Le but serait d’encourager les éleveurs à sortir leurs vaches et à les faire pâturer sur une surface la plus importante possible. L’herbe d’un pré pâturé est plus verte, plus riche, d’une composition florale plus variée. Les vaches et les agriculteurs n’en seraient que plus heureux 🙂